Situation :
Je suis certaine que vous le saviez déjà : vos enfants ressentent des émotions et ils ont besoin de les exprimer pour ne pas que « la cocote explose » (terme usuel signifiant « symptôme »).
Les émotions ne sont pas toujours une mauvaise chose. Certes, il y a les émotions d’ordre « traumatique » : le stress, l’angoisse, la peur, la tristesse… qui peuvent nous parasiter, nous sidérer, et bloquer nos capacités en situation. Mais nous avons aussi les émotions dites « signale d’alarme » : nous y retrouvons aussi le stress, l’angoisse ou encore la peur, à la différence que, cette fois, elles permettent de nous mobiliser pour être davantage efficace (revoyez vous en période d’examens).
A côté de cela, nous avons d’autres émotions telles que la joie, la colère, la frustration etc. qui sont tout à fait logiques et automatiques suivant la situation.
L’immaturité affective de l’enfant ne lui permet pas toujours d’identifier son émotion, et encore moins de la nuancer.
Un enfant peut être extrêmement joyeux et cela peut être insupportable pour le parent qui se sent débordé face à cet enfant « surexcité ». L’enfant peut aussi être en colère, ou frustré, de ne pas avoir eu ce qu’il voulait. Nous pouvons le comprendre. Non, en fait la plupart du temps l’adulte ne le comprend pas. L’adulte est bien souvent pris lui aussi dans cette situation, bousculé par ses propres émotions et incapable de se distancer en se disant « après tout, ce matin lorsque l’automobiliste m’a grillé la priorité moi aussi j’ai pesté ». Ce qui serait plus honnête d’ailleurs, ce serait que l’adulte se dise à lui même « après tout, ce matin, moi aussi j’ai pesté contre cet e***** de c****** de m**** ».
Nous savons au fond de nous que l’enfant ressent des émotions, que cela est bien normal et qu’il est nécessaire qu’il les exprime. Le problème est que nous ne savons pas toujours bien réagir à la façon dont les enfants gèrent leurs émotions.
Solution :
- Écoutez attentivement votre enfant, et pas à moitié: Souvenez-vous de votre réaction lorsque vous disiez à Chéri « Tu mettras le restant au frigo », qu’il vous répondait « oui, oui » et que vous retrouviez l’ensemble de vos victuailles de la veille sur la gazinière… Il est toujours décevant d’essayer de capter l’attention de quelqu’un qui n’écoute pas entièrement ce que l’on dit. Cela nous frustre davantage et amplifie nos émotions négatives. Votre enfant vous dira plus facilement ses problèmes si vous êtes réellement à l’écoute. Vous n’êtes pas obligé de répondre. Souvent l’enfant a seulement besoin d’une écoute empathique. Adoptez ce comportement le plus souvent possible, ainsi votre enfant vous identifiera comme étant à l’écoute et aura de plus en plus le réflexe de venir pour parler plutôt que de se mettre « dans des états pas possibles ».
- Accueillez la parole de votre enfant à l’aide d’un mot : Ne partez pas dans un flot de questions ou de conseils. C’est difficile pour un enfant de penser clairement ou de façon constructive lorsqu’on le noie dans la parole (questions, blâmes, conseils). Regardez le afin de lui signifier votre attention et votre intérêt, puis répondez par de simple « Oh !… Hum !… Oui en effet !… Je vois… ». Ayez un regard bienveillant qui appuie vos mots, cela l’invitera à explorer ses propres pensées et ses sentiments… et peut être cela l’aidera-t-il à trouver lui-même ses propres solutions. Pour les enfants plus jeunes, qui n’ont pas encore accès au langage, n’oubliez pas qu’ils sont dans le langage du corps, et qu’ils ont eux aussi le droit d’exprimer leurs émotions (si ce comportement est toujours dans le respect de l’autre).
- Aidez le à nommer son sentiment : Souvent nous nions automatiquement le sentiment de l’enfant : « Mais non tu n’es pas fâché !… Ne pleure pas c’est rien !… ». N’obligez pas votre enfant à mettre de côté son sentiment, aussi pénible soit-il, il n’en sera que plus bouleversé car il n’aura pas été entendu et compris. Montrez lui que vous le comprenez et qu’à sa place vous auriez certainement eu, vous aussi, cette émotion (empathie). Osez interpréter respectueusement son émotion : « Je comprends que tu sois fâché parce qu’il ne veut pas te donner le jouet. Le jouet a l’air vraiment bien. Tu aimerais vraiment jouer avec. Tu es déçu ». Les parents sont souvent frileux à l’idée d’avoir ce genre de discours car ils ont peur d’aggraver le sentiment et de surenchérir. Vous pourrez en faire l’expérience, c’est le contraire qui se produit : en entendant que l’adulte le comprend et qu’il peut se mettre à sa place et nommer précisément ce qu’il ressent, l’enfant se sent réconforté. Quelqu’un a reconnu l’importance de son expérience intérieure. La reconnaissance, en plus de faire du bien au moral, aide aussi à se faire confiance et à avoir une meilleure estime de soi-même.
- Utilisez l’imaginaire pour offrir à l’enfant ce qu’il souhaite : Ne partez pas dans la logique et les explications. A un autre moment pourquoi pas, mais évitez lorsqu’il est dans l’émotion. Cela pourrait être pris comme une façon de nier ce qu’il ressent et il protestera davantage. Montrez lui que vous le comprenez et transformez la situation en quelque chose de ludique. Utilisez l’imaginaire : « Tu aimerais avoir cette voiture rouge. Je comprends. Tu es déçu et en colère. Mais… oh… qu’est-ce que je vois là-bas ? Chuuut… ne dis rien à personne… regarde là-bas… une voiture rouge invisible ! Nous sommes les seuls à pouvoir la voir ! Elle est encore plus grande que celle de ton copain ! ».
N’oubliez pas :
On doit accueillir tous les sentiments, il en va du respect de votre enfant.
Mais nous devons limiter certaines actions si celles ci ne sont pas dans le respect de l’autre ou de soi-même.
