
Il n’y a pas de bonnes ou mauvaises façons de parler des récents attentats aux enfants ; mais une chose est certaine, nous devons leur en parler.
Vos enfants sont spectateurs, comme nous le sommes. Ils ont une vie sociale. Tout comme nous qui parlons des évènements avec nos collègues, les enfants parlent entre eux dans les cours d’école. Ils sont également témoins de vos émotions.
Les enfants savent que vous êtes bouleversés. Ils perçoivent vos angoisses, et, pour la plupart, la ressentent. Mettre des mots sur les émotions que vous ressentez, et qu’ils ressentent, est essentiel pour ne pas être envahie.
Dans un premier temps, demandez à vos enfants ce qu’ils ont vu, ce qu’ils savent, ce qu’ils ont entendu… laissez les s’exprimer et écoutez les attentivement. Ils n’ont pas la même représentation de la mort que nous… et beaucoup plus d’imagination ! Préservez-les tant que possible des images violentes ou des témoignages. Si toutefois ils auraient vu ces images, parlez-en avec eux, demandez leur ce qu’ils ont vu, ce qu’ils en pensent, ce qu’ils ressentent… Si c’est difficile pour eux de dire, proposez leur de le dessiner. L’important est qu’ils s’expriment.
A partir de ce qu’ils ont pu vous dire, vous pourrez leur apporter des informations supplémentaires, suivant ce que vous savez vous, suivant ce que vous désirez lui transmettre, suivant son ouverture et sa curiosité. S’il est dans le faux, vous pourrez l’amener vers la vérité, de questions en questions. Évitez toujours les détails afin qu’ils ne se fassent pas de film d’horreur.
Ne vous étendez évidemment pas sur les détails. Racontez leur les faits : » Des hommes ont été sur Paris, ils avaient des armes, ils ont tiré sur des gens, comme s’ils étaient en guerre, et les ont tués « . Laissez venir leurs émotions et leurs affirmations : « ils sont méchants ; c’est mal ; ça fait peur etc. ». Il s’agit de leurs émotions, elles se respectent. Vous pourrez ensuite ouvrir la discussion s’ils le veulent ou en ressentent le besoin.
Va ensuite venir la question du « pourquoi ». Cette question n’est pas évidente, le propre de la violence étant « ici, pas de pourquoi ! ». Vous pouvez alors leur expliquer, avec leurs mots le climat politique, la mauvaise lecture des textes religieux, le fait que ces hommes là ne supportaient pas que l’on pense différemment d’eux etc.
Comment les rassurer ? En leur expliquant que nous avons des policiers, une armée, des pompiers… qui sont là pour nous protéger ; que nous nous mobilisons tous contre eux, pour nous protéger ; que les adultes sont là pour faire leur possible pour que tout se passe pour le mieux. Vous pourrez leur montrer des photos de rassemblement et de bougies, et leur expliquer le rôle des policiers dans leur école et lieux publics. Expliquez leur que ces « méchants » ont été tués ou arrêtés, ou qu’ils vont bientôt l’être grâce à la police et à l’armée qui nous protègent. Le sentiment de peur est normal. La guerre existe depuis toujours dans d’autres pays. Parlez leur de l’histoire… nous avons déjà connu la peur et avons appris à vivre avec. Nous sommes forts.
Ne vous inquiétez pas d’avoir mal dit les choses, rien n’est figé ! L’important est qu’ils aient pu en parler et qu’ils se sentent individus à part entière car nous leur parlons et les prenons en considération. Sachez qu’un enfant tirera toujours de cette discussion ce qu’il a besoin d’entendre et pas forcément ce que vous avez besoin de dire. Ouvrez toujours la discussion, quel que soit l’âge.